Bouger, nager, escalader, tenir un crayon, peindre, etc. font partie de la vie quotidienne de chacun d’entre nous et des enfants en particulier. Pourtant, il faut bien distinguer gestes et mouvements (*1).
Geste | Mouvement |
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Mobilisation d’un segment du corps, le plus souvent un bras une main, la face | Mobilisation du corps entier ou d’un segment |
Grossier, direct dans son expression | Fin, fluent et ample souvent, parfois grossier |
Valeur essentiellement expressive | Valeur essentiellement fonctionnelle |
But relationnel et communicationnel | But de déplacement ou d’action sur des objets |
L’enfant a besoin de son corps pour apprendre. C’est en agissant, en jouant, en palpant, en exerçant ses coordinations qu’il grandit.
Toutes ces épreuves se retrouvent dans le bilan psychomoteur mais pas uniquement. Il faut également observer le déplacement spontané de l’enfant.
Tout ceci constitue la motricité fine.
Il arrive qu’un enfant présente des difficultés motrices, sans qu’un problème moteur soit apparent. C’est la commande venant du cerveau qui est en cause. On appelle cela les Troubles d’acquisition des coordinations.
Test | |
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Soins personnels | |
Habillage |
Inverse les vêtements, chaussures Difficultés ou lenteur dans l’usage des boutons, des lacets, des bas… |
Alimentation | Renverse, utilise mal ou peu les couverts, mange avec les mains |
Soins | Difficultés à se laver les dents, se brosser les cheveux, utiliser un drap de bain, se laver les mains |
Propreté | Difficulté à utiliser le papier toilette, se salit facilement |
Activités à l’école | |
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Jeux | |
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Caractéristiques générales | |
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Voir Mesure des habitudes de vie – guide de l’utilisateur www.ripph.qc.ca/sites/default/.../Guide_de_l_utilisateur_MHAVIE.doc
Achat : http://www.ripph.qc.ca/instruments-de-mesure/mhavie/versions-disponibles
Une ancienne terminologie est encore largement diffusée. On parle de dyspraxie.
(*1) Dalla Piazza S. (2011) Maladresse et dyspraxie de l’enfant. Paris : L’Harmattan.
La dyspraxie est un trouble touchant la coordination des mouvements se traduisant par une incapacité pour l’enfant de réaliser les tâches motrices qui entraînent des problèmes de rendement scolaire ou dans la réalisation des activités de la vie quotidienne. La prévalence de ces troubles a été estimée de 1,8% à 18 % chez les enfants de 5 à 12 ans (UPLF Info). De plus, ce trouble du « comment faire » entraîne une comorbidité en terme de prédominance de perturbations de l’analyse visuo-spatiale et de troubles d’adaptation à la vie scolaire (difficultés scolaires et de socialisation qui peuvent être confondus avec des troubles comportementaux). La dyspraxie peut être également associée à un trouble des apprentissages, à un TDA/H ou à de la dysphasie.
Ce n’est que tout récemment que le terme « Trouble du développement des coordinations » (TDC in Habib) est préféré aux termes « Dyspraxie » et « Trouble de l’Acquisition des Coordinations » (TAC in DSM IV- Révisé rubrique F.82). On pourrait parler de dyspraxies pour tout trouble de la coordination motrice quelle qu’en soit la cause, et de TDC seulement lorsqu’il n’existe aucune pathologie, en particulier neurologique, qui soit décelable. Le TDC devient donc un trouble spécifique neurodéveloppemental lié à un défaut de maturation de certains circuits cérébraux. Cette définition rejoint celle de l’ICD-10 reprise sous la rubrique F 82 (troubles spécifiques du développement moteur).
La dyspraxie renvoie alors à l’habileté à élaborer de nouveaux mouvements incluant plusieurs étapes : l’idéation (concevoir une action), la planification (organiser la séquence de mouvements impliqués dans la tâche) et l’exécution (réaliser la séquence).Il y a 2 types de dyspraxie développementale, l’orale-verbale et la motrice.
Ces difficultés motrices persistantes sont souvent associées à des difficultés au niveau de l’autonomie, de la scolarité et à une altération de l’estime de soi. La dyspraxie n’affecte pas l’intelligence de quelque manière, mais il peut avoir un impact sur le comportement et les aptitudes sociales.
Il en existe plusieurs dont celui de Flessas & Lussiezr, 2001.
Et celui de Dalla Piazza (2011)
L’accent est ici mis sur le déroulement temporel du geste ou du mouvement. L’évaluation consiste à pointer le moment principal où les coordinations s’opèrent mal. S’agit-il d’un dysfonctionnement dès l’appréhension des éléments du milieu, dans l’organisation de ceux-ci ou dans leur réalisation ?
On a compris que le système d’évaluation doit appréhender l’entrée des informations à répercussion motrice, le traitement exécutif de celles-ci et les sorties motrices. Les exemples ci-après sont nombreux, mais peuvent également servir pour d’autres dysfonctionnements cognitifs.
Il existe des questionnaires d’habiletés fonctionnelles dans les Activités de la Vie Quotidienne qui permettent de repérer les signes d’appel avec la collaboration des parents et de l’enseignant.
Les fonctions attentionnelles interviennent pour la saisie des informations visuelles périphériques (attention visuelle périphérique, vigilance), pour le traitement visuel lors de la fixation oculaire (attention sélective, gestion de tâches multiples) et lors de la réalisation du geste en lui-même (vigilance, attention sélective, gestion de double tâche). La mémoire de travail intervient pour les praxies (maintien du but en mémoire, intégration des données spatiales, séquences gestuelles). Les fonctions exécutives prennent une large part dans l’élaboration et le contrôle du geste. La fonction de planification nous permet en effet d’élaborer une stratégie gestuelle complexe et d’explorer l’environnement visuel. L’inhibition cognitive empêche les saccades inadéquates lors d’une fixation oculaire, intervient dans les traitements visuels (distinction figure – fond, perception des scènes visuelles complexes,…) et bloque les réponses motrices automatiques inadaptées à la situation (inhibition motrice).
Syncinésies | |
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Diadococinésie |
Epreuve des marionnettes NP-MOT : tonus et praxies manuelles |
N-P Mot Batterie d’évaluations des fonctions neuro-psychomotrices de l’enfant de VAIVRE-DOURET (4 à 8 ans 6 mois) 2008 | |
Latéralité manuelle | Observation clinique |
Quantifier la force de la préférence manuelle | Quantifing Hand Preference de Bishop et al, 1996 |
Déterminer la prédominance manuelle | Test de latéralité de Picq et Vayer, 1984 |
Latéralité (gestuelle spontanée, usuelle, psychosociale) | Subtest latéralité de la NP-Mot |
Coordinations dynamiques générales | |
Maîtrise de balles, équilibre statique et dynamique. | M-ABC Batterie d’évaluation du mouvement chez l’enfant (4 à 12 ans) de SOPPELSA et ALBARET 2004 |
Evaluation du développement posturo-moteur et locomoteur et de la préhension et coordination visuo-manuelle |
M-ABC (4 - 12 ans) DF-Mot développement fonctionnel moteur de 0 à 48 mois de Vaivre-Douret, 1999 |
Coordinations manuelles | |
Habileté soculo-manuelles |
NP-Mot de Vaivre-Douret DF-Mot de Vaivre-Douret Subtest Tapping de la NEPSY 5-12 ans |
Dextérité manuelle | M-ABC |
Coordinations oculo-manuelles | |
Précision visuo-motrice et Coordinations bi-manuelles | M-ABC |
Précision visuo-motrice | |
Rapidité d’exécution motrice | Test de dextérité PURDUE-PEGBOARD 1998 revu par Albaret et Beguet |
Rapidité d’exécution motrice | NEPSY bilan neuropsy de l’enfant 3 à 12 ans 6 mois de Korkman 2003 |
Dissociation de la main interne et externe | Box and Block Test d’Ayres et Buehler 1976 |
Qualité de la préhension | Epreuve de pointillage de Stambak 6-14 ans |
Séquence motrice manuelle | Box and Block Test |
Coordinations visuo-motrices | Box and Block Test |
Coordinations visuo-motrices | NEPSY |
Coordinations visuo-motrices (rapidité) | Frostig Test de développement de la perception visuelle 1973 subtest 1 |
Test de Hendricks | |
Gestes | |
BREP 6-12 ans | |
Imitation de position de mains de la NEPSY | |
Imitation de gestes simples et complexes | EMG Evaluation de la motricité gnospraxique distale de Vaivre-Douret 1997 |
Praxies | |
Praxies BLF | Henin |
EVALO 2-6 ans | |
BEPL 2,9-4,3 ans | |
Praxies grapho-motrices | BHK 6-12 ans |
Broca A. (2013) Le développement de l’enfant, aspects neuro-psycho-sensoriels. Paris : Elsevier Masson.
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Ferrieu N. (2014) Neuropsychologie corporelle, visuelle et gestuelle : du trouble à la rééducation. Paris : Masson
Geuze R.H. (2008) Le trouble de l’acquisition de la coordination. Collection Troubles du développement, Marseille : Solal.
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Lussier F. et Flessas J. (2011) Neuropsychologie de l’enfant. Paris : Dunod.
Jumel B. (2010) Guide clinique des tests chez l’enfant. Paris : Dunod.
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